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OBLOMOFF.

Taranntieff, en se retournant vers Alexéeff pendant que Zakhare peignait Oblomoff, je ne vous avais pas aperçu. Qu’est-ce que vous faites ici ? Savez-vous que votre parent est un fameux animal ? Je voulais vous le dire…

— Quel parent ? je n’ai pas de parent, répondit timidement Alexéeff tout troublé et en ouvrant de grands yeux.

— Mais celui qui est employé dans ce bureau… comment se nomme-t-il ?… Il se nomme Anastassieff. Comment ! ce n’est pas votre parent ? Mais si.

— Je ne m’appelle pas Anastassieff, je m’appelle Alexéeff, dit Alexéeff : je n’ai point de parents.

— En voilà une bonne ! il n’est pas votre parent ! il est aussi laid que vous, et il se nomme Basile comme vous.

— Je vous jure devant Dieu qu’il n’est pas mon parent ; je m’appelle Jean.

— Ah bien ! c’est égal, il vous ressemble. Seulement c’est un animal : dites-le lui quand vous le verrez.

— Je ne le connais pas, je ne l’ai jamais vu, dit Alexéeff en ouvrant une tabatière.

— Donnez-moi un prise ! dit Taranntieff ; mais c’est du tabac ordinaire, ce n’est pas de la ferme. En effet, fit-il en prisant. Pourquoi n’avez-vous pas du tabac français ? ajouta-t-il ensuite sévèrement. — Et encore jamais je n’ai vu un animal comme