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SEPTIÈME SIÈCLE

pèlerinages de tous les fidèles. Le Prophète, désormais considéré comme le souverain spirituel et temporel de toute l’Arabie, revint à Médine. Trois mois après, en mai 632, il tomba malade de la fièvre, empoisonné, dit-on, par une femme juive de Khaïbar qui voulut venger son mari égorgé lors des massacres de cette ville. Lorsqu’il sentit approcher sa fin, il se rendit une dernière fois à la mosquée pour donner son adieu suprême aux fidèles. Il récita la prière publique du haut de la chaire et s’écria : « Si j’ai frappé quelqu’un injustement, je me soumets au fouet des représailles ; si j’ai frustré quelqu’un de ses biens, le peu que je possède acquittera la dette. » Une vieille femme réclama trois drachmes ; il lui les fit compter en la remerciant de l’avoir accusé sur la terre plutôt qu’au jour du jugement.

À son lit de mort, il recommanda solennellement de poursuivre les idolâtres de l’Arabie, de conserver aux prosélytes les mêmes droits qu’aux vieux croyants et de s’attacher constamment à la prière. Il expira le 8 juin 632 dans les bras de Aïecha, fille d’Abou-Bekr, la plus aimée de ses femmes. Trois jours avant de mourir, il avait chargé son beau-père de réciter à sa place les prières publiques. En l’absence de tout règlement sur l’ordre de succession, cette délégation du pouvoir sacerdotal parut désigner Abou-Bekr pour successeur du Prophète. Il fut donc reconnu en cette qualité par tous les chefs de l’armée qu’entraîna d’ailleurs l’exemple d’Omar. Ali lui-même, gendre du Prophète et chef de la famille des Haschemites, finit par se soumettre. Abou-Bekr régna et prit le titre de Khalyfe, ou vicaire, auquel fut ajouté plus tard celui d’Émyr-al-Moumenin, ou commandeur des croyants.

Le premier Khalyfe fit rassembler les feuillets épars du Koran, c’est-à-dire du Livre, dont Mohammed avait composé les nombreux chapitres dans les circonstances les plus diverses, et chargea de la coordination de ce travail l’un des plus intimes secrétaires du Prophète, Zaïd-ben-Tabet. Celui-ci recueillit tous les fragments écrits sur des feuilles de palmier, sur des pierres blanches, sur des morceaux de