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entierement assis[1] li uns en l’autre si que la terre est tout en mi, qu’autretant a touz jourz du[2] ciel desouz li comme il apart[3][* 1] desus. Ceste figure en moustre[4] la devision ; si i prenez garde. (Fig. 1.)

  1. — B : element assis entierement.
  2. — B : que autretant a touz jourz communement du...
  3. — B : de « part desus » jusqu’à « Autresi iroient » [f° 41 c] manque ; N : comme il a par desus ; A, C, R : comme il apart desus.
  4. — N : mostre.
  1. * « apart » du verbe « aparoir » peut se justifier (cf. Suchier. Altfr. Gram. p. 23 ; Partonop. de Blois (cité par Burguy) : part (= lat. paret) v. 6380.) — De plus ce mot n’altère pas le sens de la phrase. — Il semble pourtant que la leçon de N (il a par desus) est la plus correcte : c’est celle des deux rédactions en vers.

    Sloan f ° 91 c : tous jors com il a par desus.
    Harley f° 40 c : toz jors com ele a par desus.


xi[a].
Comment[1] la terre se tient en mi le monde.

[F° 40 d] Pour ce que la terre est pesanz[2] plus que nus des autres elemenz, se tient ele plus en milieu[3] ; et ce qui est legier se tient entour lui[4][b]. Car qui plus poise plus bas trait, et quanque poise atrait a lui[* 1]. Et pour ce nous couvient[5] il joindre a li, et tout ce qui de li est atrait.

Se tel chose peüst[6][* 2] a-[F° 41 a]venir qu’il n’eüst riens seur terre, ne yaue, ne autre chose qui destornast[7] la voie quel part que l’en alast, l’en pourroit[8] aler environ toute la terre, ou homme[9], ou beste, sus et jus, quel part qu’il voudroit, ausi[10] comme une mouche iroit entour une pomme[11] reonde ; autresi pouroit[12] aler ·i· homme[13] par tout le monde, tant comme la terre dure, par nature tout entour[14][c], si que quant il vendroit desouz nous[15], il li sambleroit que nous fussienz desouz lui[16], si[17] [F° 41 b] comme il feroit de lui a nous[18]. Car il tendroit ses piez devers les nostres et la teste tout droit vers le ciel, ausi comme nous[19] faisons[20] ci, et les piez devers[21] la terre. Et s’il aloit adès avant devant lui, il iroit tant qu’il revendroit au lieu dont il parti premierement. Et ainsi[22] fust que par avanture ·ii· houmes[23] se departissent li uns de l’autre, et

  1. — N ; comant.
  2. — N : pesant.
  3. — N : plus bas el milieu.
  4. — N : li.
  5. — N : por ce nos covient.
  6. — A : peut ; N et C : peüst.
  7. — N : destournast.
  8. — N : porroit.
  9. — N : home.
  10. — N : aussi.
  11. — N : pome.
  12. — N : porroit.
  13. — N : home.
  14. — N : tout entour par nature.
  15. — N : nos.
  16. — N : que nos fussons desouz li.
  17. — A : « si » répété deux fois.
  18. — N : a nos de li.
  19. — N : aussi comme nos.
  20. — A : faisions ; C : faisonz ; R : faisons ; N : fesons.
  21. — A : piez de ; C : deverz ; R : devers ; N : desus.
  22. — N : Et se einsi.
  23. — N : homes.
  1. * « quanque... a lui » : tout ce qui pèse attire vers soi.
  2. * La forme ordinaire du ms. A est « peüst » (fos 1 c, 5 a, etc). « Peut » serait donc une forme isolée. Pour cette raison nous mettons « peüst », quoique la chûte de l’s puisse être justifiée par de nombreux exemples en angln. (Stimming, o. c, p. 226).
  1. [F° 40 c43 c = Vers 1733-1846.]
  2. « Pour ce que... entour lui. » Neckam II. 48.
  3. « ausi comme... tout entour. » Neckam II. 48 ; Honorius Aug. o. c. l. 5.