Page:Gossuin - L’Image du monde, édition Prior, 1913.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 150 —

xv b[a].
Des gelées et des nois.

Les granz nois et les granz gelées aviennent par les granz[1] froidures de l’air qui est froiz el milieu plus qu’il n’est ailleurs. [F° 87 a] Ausi comme vous veez touz jourz des montaingnes[2] qui sont en haut lieu, si comme en[3] ces mons de mont Gieu, et[4] en ces autres hautes montaingnes, que il y a plus de noif que il n’a es[5] lieus qui sont en plainne terre. Tout ce avient par la froidure de l’air qui a mains de chaleur en haut que en bas, pour ce qu’il est plus soutis que cil d’en bas[6] n’est. Et quant plus soutis est en haut, de tant retient il mains de chaleur. [F° 87 b] Mais que plus est li airs espés, de tant eschauffe[7] il plus tost la ou li solaus peut[8] venir. Dont l’en voit qu’il avient que fer et acier eschauffe[9] plus au souleill [10] que ne fait ne fust ne pierre. Car tant comme la chose est plus dure et de plus espesse[11] nature, de tant[12] s’i prent li feus[13] plus forment et plus tost qu’en celes qui mains ont[14] de force.

Autresi[15] vous di je de l’air qui est la sus en haut, qu’il est plus froiz que cil[16] de ça jus n’est, [F° 87 c] pour ce que il n’est pas si espés comme cil[17] qui est près de la terre, et pour le vent qui souvent i naist, qui le fait estre en mouvement. Car l’yaue qui court roidement eschauffe[18] mains que cele qui se tient coie : Autresi fet li airs[19] qui est en haut. Et par ce i naist la froidure qui engiele cele moisteur, tantost comme ele i est montée, et chiet toute engelée aval[b].

  1. [F° 86 d87 c = Vers 3874-3909.] Le ms. en vers fait de XV b un chapitre séparé, et non pas une section de chapitre.
  2. « Tout ce avient... engelée aval. » Honorius Aug. I. 61. Sydrach S. 124. Neckam, De laud. IV 157, 188.
  1. — B : par la grant.
  2. — B : montaignes.
  3. — B : « en » manque.
  4. — R : en ces montagnes de Savoye et de Pieumont, et...
  5. — B : as.
  6. — B : d’embas.
  7. — B : eschaufe.
  8. — B : souleuls puet.
  9. — B : eschaufe ; A : eschausfe.
  10. — B : soleill.
  11. — B : espoise.
  12. — B :tan.
  13. — B : le feu.
  14. — B : qui ont mains.
  15. — B : Autressi.
  16. — B : que celui.
  17. — B : celui.
  18. — B : qui roidement court eschaufe ; A : eschausfe.
  19. — B : fet l’air.


xv c[a].
Des grelles[1] et des tempestes.

Par autretele[2] maniere ra-[F° 87 d]viennent en esté les granz grelles et les granz tempestes. Car en air[3] naissent aucun vent, dont il naist sovent grant froidure ; si que la moisteur, qui en l’air est née, se trait[4] a gelée, et

  1. — B : gresles.
  2. — B : « autre » manque.
  3. — B : en l’air.
  4. — B : née de la terre, se traist.
  1. [F° 87 c88 a = Vers 3910-3923.] Le ms. en vers fait de XV c un chapitre séparé, et non pas une section de chapitre.