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Les autres aviennent par nature, qui retienent[1] en terre leur vertuz des choses qui sont a venir ; si comme il couvient tout fenir quanqu’il a en terre briément.

Diex ne fist pas le firmament pour noient, ne les estoiles qui vont tourniant[2] desus nous ; ainz leur donna nons et vertuz en[3] ciel et en terre, chascune [F° 105 a] selonc sa puissance, en toutes les choses qui naissance ont. Car il n’est chose qui n’ait aucun pooir, qui ait naissance itele comme il doit avoir.

Si lairons ores atant ester des eclipses[4] pour raconter de la vertu du firmament et des estoiles. Car qui bien en savroit les vertuz, il savroit quanqu’il a ça[5] jus en terre par droite raison de nature, combien que la chose fust oscure[6] ou non.

  1. — B : retiennent.
  2. — B : torniant.
  3. — B : el.
  4. — B : lairons ore ester atant des eclypses.
  5. — B : ci.
  6. — B : obscure.


vi[a].
De la vertu du ciel et des estoiles[b].

Or oiez[1] de cele science, par quoi l’en vient [F° 105 b] a sapience de connoistre les choses et enquerre, qui pueent[2] en terre avenir par oevre de droite nature qui se figure par le monde.

Li ciels et les estoiles sont estrument de nature[3] au monde, par quoi ele oevre tout adès, si comme Diex veult, et près et loing. Et qui set[4] connoistre sa puissance, il a connoissance de tout ice, des estoiles qui sont el ciel, qui ont leur vertuz en terre, que Diex otroia a chascune, et a la lune et au soleill qui [F° 105 c] au monde font naistre la clarté et sanz cui riens vivant estre ne puet[c]. Car par celes corrumpt[5] et naist toute riens qui est en cest monde, et[6] qui a fin et commencement. Ainsi[7] le consent Diex, et vuelt[8].

Toutes diversitez qui sont es genz, et qui ont diversitez soit de faiture et de courage ; et tout quanqu’il avient par nature en herbes, en plantes, en bestes, si avient par la vertu celeste que Diex donna as estoiles, quant il forma[9] premierement [F° 105 d] le monde. Et eles i[10] mist si par nature, qu’il les[11] fist aler entour le monde contre le tour du firmament.

Par leur mouvement[12] et par leur tour et par la vertu qui gist el ciel vit toute riens qui desouz est. Et se il venoit ores a plaisir a Nostre Seigneur qu’il[13] feïst le ciel tenir tout quoi, que il ne tornast a la reonde tout

  1. — B : oez.
  2. — B : puent.
  3. — B : « de nature » manque.
  4. — B : soit.
  5. — B : cele corrompt.
  6. — B : « et » manque.
  7. — A : amsi.
  8. — B : veult.
  9. — B : fourma.
  10. — B : Et les i.
  11. — B : qui les.
  12. — A et R : « par leur mouvement » manque.
  13. — B : qui
  1. [F° 105 a109 d = Vers 4759-5002.]
  2. Adélard de Bath o. c. Quaes. 74. V. Introduction p. 47, 48.
  3. « Et qui set connoistre... vivant estre ne puet. » Neckam I. 7 ; De laud. I.