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livre trois, et à la fin[1] : ce ne peut être qu’un manuscrit de la première rédaction. La date 1247 au chap. 17 ne saurait diminuer la valeur des faits : dans deux manuscrits[2] de la première rédaction la même erreur se retrouve.

Les trois autres manuscrits où le nom de l’auteur est indiqué appartiennent tous à la rédaction en prose, dont la proche parenté avec la première rédaction a été démontrée plus haut[3] ; ce sont : Bibl. Nat. fr. 574, qui donne Gossouin ; fr. 25344, Gossonin ; Bruxelles, Bibl. Roy. 9822, Gosson.

D’autre part, la seconde rédaction en vers est, sous beaucoup de rapports, un ouvrage absolument distinct et original.

Les arguments en faveur de Gossouin semblent être concluants. Nous n’hésitons pas à mettre son nom en tête de la rédaction en prose, choisissant, de préférence aux autres, la forme indiquée par le manuscrit dont nous offrons le texte.

Nous sommes persuadé qu’il a, de même, droit au titre d’auteur de la première rédaction en vers : le manuscrit vu par Le Clerc constitue un argument irréfutable qui confirme la théorie de l’identité de l’auteur de la première rédaction en vers et de celle en prose.

L’auteur de la seconde rédaction en vers. — La question reste ouverte quant à la seconde rédaction. Si nous y voyons, comme P. Meyer, une rédaction remaniée par l’auteur lui-même, nous devrons admettre une erreur de copiste[4] dans le manuscrit Phillipps[5].

Si, au contraire, la seconde rédaction forme un ouvrage séparé, original, Gauthier de Metz peut parfaitement en être l’auteur. Car, à tout prendre, l’argument que Gossouin est l’auteur de la première rédaction, et Gauthier celui de la seconde, n’est pas aussi improbable qu’il peut le paraître à première vue.

Langlois[6] trouve ridicule qu’on s’imagine deux auteurs tous deux lor-

  1. La seconde rédaction contient environ dix mille vers et est divisée en deux parties seulement.
  2. Cf. p. 3 n. 4.
  3. V. p. 9 s.
  4. Langlois, qui est en faveur de cette théorie d’identité, dit à ce propos : (o. c. p. 60) « Il semble donc que la balance doive pencher plutôt du côté de Gossuin, surtout si l’on considère qu’il devait être, pour ainsi dire, instinctif, pour un rubricateur placé en présence d’un manuscrit comme il y en a eu sans doute, où l’on lisait : Si le fist maistre G. de Mies, de résoudre arbitrairement l’abréviation G. par « Gautier », l’un des noms les plus répandus au moyen âge. »

    Remarquons en passant que la forme du nom choisie par Langlois (Gossuin) ne se présente nulle part.

  5. Cf. p. 12, s.
  6. O. c. p. 62.