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A, R et Caxton. — La clef du mystère se trouve dans le manuscrit A, où nous lisons deux fois, à la première et à la dernière page : « Ce livre est au duc de Berry. Jehan B. » Le scribe de R, ayant sous les yeux le manuscrit A qu’il allait copier, et lisant cette mention, s’est empressé de l’introduire dans son prologue ; Caxton a traduit en anglais, sans hésiter, le prologue et la mention de son original.

Et ainsi, grâce à une erreur de copiste, le duc de Berry, de propriétaire d’un manuscrit du XIVe siècle, est devenu l’inspirateur d’une œuvre composée en 1246.

Une telle preuve, à elle seule, ne suffirait pas pour établir l’étroite parenté entre A et les deux autres ouvrages. Mais tout vient confirmer notre opinion : Les passages, même les moitiés de phrases qui manquent dans A manquent aussi dans R et dans Caxton ; les fausses leçons sont communes à tous trois ; enfin, sauf pour quelques additions de mots sans importance, ils sont exactement les mêmes sous tous les autres rapports.

La table suivante permettra de se rendre compte des différences entre le texte de notre édition et celui de A, R et Caxton :


A R Caxton Texte corrigé d’après tous les manuscrits en prose et plusieurs en vers.
Le nom du duc de Berry est mentionné deux fois, à la première et à la dernière page du manuscrit. Le nom du duc de Berry est introduit dans le prologue et dans l’épilogue particuliers à ce seul manuscrit. Le copiste fait de plus une grossière erreur de date à ce propos. Caxton traduit en entier le prologue et l’épilogue de R, sans omettre ni le nom du duc de Berry, ni l’erreur de date. Le nom du duc de Berry, mentionné dans A, R et Caxton, ne paraît dans aucun autre des manuscrits.
Qui est près du saint ciel la sus, dont nous sommes si en sus mis. Id. Caxton, ne pouvant traduire le passage commun à A et R, l’omet entièrement. De cele clarté est la lumiere qui est près du saint ciel la sus, dont nous sommes si en sus mis[1].
Si trouverent tout vraiement que il devoit par ii fois fenir : A l’une foiz par le deluge d’yaue. Id. Caxton traduit R tel quel. Si trouverent..... ....fenir : A l’une foiz par feu ardant, a l’autre foiz par le deluge d’yaue[2].
  1. V. fo 39 b.
  2. V. fo 115 b.