Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/173

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huaient les femmes. Brochant sur le tout, des gens ivres, qui étaient venus quelquefois à jeun, se targuaient d’un droit imaginaire pour troubler burlesquement les paisibles concerts hydropathesques.

Le président, heureusement soutenu par les fondateurs, se gendarmait contre les prétentions des uns ou des autres, accordant à tous le droit de s’en aller, si l’ennui les prenait. Ce raisonnement était généralement admis par la majorité qui votait par mains levées en faveur de son bureau. Mais les politiciens étaient retors : empruntant au Parlement les usages les plus condamnables, se dressait souventes fois un interpellateur, formulant une longue série d’amendements à un règlement qui n’existait pas. Cela soulevait des tempêtes ; mais, impitoyable, le président arguait que la Société, étant littéraire et artistique, acceptait les politiciens comme phraseurs possibles, mais jamais comme directeurs.

Un jour, mis sur la sellette, le président donna sa démission — ô ombre de M. Thiers ! — Cela lui réussit parfaitement, et il fut réintégré, séance tenante. Depuis lors, les politiciens battus se soumirent, contents de se réunir sans