Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/196

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En entrant, souviens-toi que tout ce cœur est vierge,
Que c’est un temple rempli de rêves éclatants,
Et ne t’y conduis pas comme dans une auberge.

C’était Fernand Icres qui faisait dire par Lebargy la pièce suivante :

LE PACTE
À Émile Goudeau.

Un soir, Faust, délaissant grimoires et cornues,
Écoutait les vents froids gémir sur la forêt ;
Il regardait flotter les blancs linceuls des nues,
Et, sentant le grand ciel vide, il désespérait.

Alors, soudain, des voix on ne sait d’où venues,
Comme des cris aigus d’un loup qui hurlerait,
Jettent à ses côtés des notes inconnues…
La salle s’illumine et Satan apparaît.

Satan ! quand, à l’appel sombre du vieil athée,
Tu vins ainsi, tu vis la plume ensanglantée
Frissonner sous l’effroi dont hésitait sa main.

Eh bien ! pour une nuit d’amour et de délire ;
Méphisto ! donne-moi le fatal parchemin,
Et je le signerai sans trembler, — et sans lire.

Icres, l’ami, l’élève de Léon Cladel, préludait ainsi. Puis, quand il eut composé l’Ancienne, le Mitron etc., etc., il se risqua à dire lui-