Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/205

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J’étais parti joyeux, sans regarder derrière,
Lutteur, je me fiais à ma force guerrière
Et je n’avais que de l’orgueil…
....................
J’ai compté bien longtemps les bornes de la route ;
Et disais : « En marchant de la sorte, sans doute
« J’arriverai là-bas, ce soir ! »
Et les pas succédaient aux pas, les vais aux côtes ;
Mes rêves étaient loin, et mes étoiles hautes,
Et le ciel bleu devenait noir…
....................
Désirer ! Devenir ! c’est la loi de nature !
Marche encore et toujours ! marche ! si d’aventure
Tu touchais ton but de la main,
Laissant derrière toi l’oasis et la source,
Vers un autre horizon tu reprendrais ta course :
Tu dois mourir sur un chemin ![1]

Quelquefois Puy-Puy, le vice-président comte Alfred de P…, entraîné par l’exemple, se levait, ajustait son monocle, et après avoir légèrement rectifié l’alignement de sa barbe à la Henri IV, disait l’Aiguille, que Barthélemy improvisa, un soir, chez la marquise de Talabot, au moment où cette dame, un peu vive, s’était assise, à son dam, sur une aiguille, cachée en un coussin. Je donne ici ce morceau qui, je crois, est assez rare, et d’un ton aimablement gaulois, dont nous sommes déshabitués :

  1. Fleurs du Bitume (1re édit. Lemerre). Nlle édit. Ollendorff.