Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’Hydropathe — que tu dois lire —
T’envoie un joli compliment.

Bon petit Cadet, caquetant
Les contes que Cros sait écrire,
Et que Coquelin seul sait dire ;
Bon cadet que nous aimons tant.

Salut, tout neuf sociétaire !
Mais pour nous ne vas pas te taire
Pour vivre il nous faut ton crincrin.

Pirouette[1] de la parole
Ne rends pas sérieux ton rôle…
Les Français… mourraient de chagrin.

Dans le numéro 14, celui de Charles Frémine, un beau sonnet de Rollinat.

Toi, tu vis dans l’azur, et moi dans les abîmes,
Et, tandis que mes vers pleins de brume et de fiel
Ont des parfums de mort, de débauche et de crime,
Les tiens ont la saveur de lait frais et de miel.

Moi, j’enchâsse l’horreur en d’infernales rimes,
Et j’enfonce en mon cœur un morbide scalpel ;
Toi, tu chantes l’amour, et, le beau, tu l’exprimes ;
Satan ne t’a jamais fait de nocturne appel.

Et pourtant mon esprit vers ton âme se penche,
Et mon spleen ténébreux, lorsqu’en toi je m’épanche,
Au bras de ta gaîté pour un instant s’endort.

  1. Pirouette est, comme on sait, le pseudonyme littéraire de Cadet.