Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/290

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rue Victor-Massé (ancienne rue de Laval), il a inauguré un nouveau genre : le théâtre d’ombres chinoises.

C’est amusant et très artistique ; c’est signé tantôt Caran d’Ache, tanlôt Willette ou Rivière, Somm ou Sahib.

Dans ce décor de la rue Victor-Massé (ancienne rue de Laval), des poètes, tels que le philosophe humoriste Paul Marrot, tels que le chansonnier épiquement militaire Ogier d’Ivry, tels que Jean Rameau, l’auteur acclamé du poème la Vie et la Mort, Jean Floux, un très parisien, Armand Masson et d’autres jeunes et ardents, nous ayant succédé, emplissent les entr’actes des féeriques ombres chinoises. Ce sont des odes guerrières qui suivent des chansons d’amour ou des envolées dans le bleu. Les rimes sonnent, surtout lorsque Georges Fragerolle, y ayant apposé des musiques, les lance de sa voix merveilleuse. Je tire de son recueil, intitulé Chansons de France, celle-ci, dont les paroles sont de Paul Marrot :

Les soldats, sur la grande route,
Vont vers une autre garnison :
Il fait beau, l’on a pris la goutte ;
Le soleil monte à l’horizon.