Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/291

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Le pli de la tunique flotte
Au vent matineux du printemps,
Et le soldat, dans sa capote,
Rêve à la liberté des champs.

Adieu, guérites et chambrées,
À lui, le plein ciel aujourd’hui ;
Mais d’autres casernes carrées
Sont encor là-bas devant lui.
En attendant les jours de garde,
En plein air il jette ses chants ;
Toute son âme campagnarde
Vibre à la liberté des champs.

Il voit, renversés sur les terres,
Des socs tout pareils à son soc,
Et, sur les clochers solitaires,
Tous les coqs ont l’air de son coq.
Au sommet des meules tassées,
Ce sont mêmes soleils couchants ;
C’est le soir ! toutes ses pensées
Sont à la liberté des champs,

L’étape est souvent peu prodigue,
Le bivouac un sacré séjour ;
Et l’on a bien de la fatigue
Pour apprendre à se battre un jour…
Serons-nous, la face meurtrie
Courbés par les canons fauchants ?…
En avant ! c’est pour la Patrie,
Et pour la liberté des Champs.

J’en voudrais citer d’autres, ainsi que certaines poésies de haute allure ; mais il faut que