Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sons de l’Amour et de la Mer. Le poète semblait là devenu mélancolique. La critique s’en étonna, et fit un peu payer au jeune poète le succès de sa première œuvre. Un des plus durs éreintements partit précisément de la République des Lettres ; il est juste d’ajouter que, dans une note placée en tête de l’article où l’on malmenait assez Maurice Bouchor, la rédaction dégageait sa responsabilité.

On lui reprochait la banalité de son sujet, ce qui, par parenthèse, est assez extraordinaire, puisque c’était voulu de sa part, et que, précisément, c’est l’amour du distingué, de l’inconnu ou du méconnaissable, qui a rendu la poésie abstruse, indéchiffrée. Savoir rendre poétique la banalité elle-même n’est donné qu’à un poète sincère.

« Après avoir dit, s’écriait l’auteur de l’article, qu’il haïssait toutes les vieilleries, M. Maurice Bouchor tombe dans le même jeu et use des mêmes procédés. Son volume peut être un journal de son cœur, ce n’est pas une œuvre… Nous ne dirons rien des licences prosodiques que l’ami de M. Jean Richepin prend avec affectation. C’est un système. »

M. de Banville, dans un article sur les