Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/68

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nous, repose-toi près de nous, puis lève-toi vers l’aube ! Bois-moi, disait le moka ! Couvre-nous de tes pattes de mouche, chantaient les feuilles de papier blanc ! »

Bientôt, pourtant, il reconnut lui-même qu’à fréquenter exclusivement Balzac, Byron, Henri Heine et Stendhal, il s’anémierait. Ses camarades disaient de lui : « Il sera le Sainte-Beuve, le grand critique de notre génération. » Cela déplaisait au poète de la Vie inquiète.

Certainement la Vie vivante l’attirait aussi bien que ses émules ; il écrivait dans la préface du poème intitulé Edel, qu’il composait alors et que Lemerre édita (1878), ce programme très significatif :

« Voici quarante ans accomplis que le plus étonnant génie du dix-neuvième siècle, notre père à tous, le grand Balzac, a magistralement posé l’idéal moderne : « Toute génération, disait-il, c’est un drame à quatre ou cinq mille personnages que la littérature a pour mission « d’exprimer, » sous peine de devenir ce qu’elle fut à Rome au temps de Claudien, un stérile agencement de syllabes mortes. Ce principe a ramené l’art d’écrire à une psychologie vivante, et renouvelé la critique et le roman,