Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/71

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psychologique devait se porter plutôt sur les raffinées nuances du monde que sur les brutales couleurs de la foule.

Oh ! les populaciers, ceux dont l’âpre besogne,
Comme un marteau de fer infatigable, cogne
Jour et nuit sur la bête humaine et la meurtrit !
Il me semble qu’en y voiturant mon esprit,
En coudoyant la foule écrasée, asservie,
Mon désir renaîtra de tordre cette vie,
Pour lui faire suer ce qu’elle a de beauté.
Que je me reprendrai pour la modernité
D’une fureur dont tout mon être se remplisse.

..............................À tous les horizons,
Ce n’était qu’un amas suintant de maisons
Noires, et que, de place en place, une fenêtre
Éclairée et cachant quelque drame peut-être,
Œil sinistre, trouait d’une tache de sang.
Partout des omnibus filaient, éclaboussant
La foule, tressautant sur les pavés, énormes,
Crottés, puants, pareils à des monstres difformes,
Et le gaz, palpitante haleine, flamboyait…

Comme on sent bien que le poète adore le salon capitonné, les tentures, les lustres, le large piano à queue, les partitions éparses, le cartel armorié, les tapis épais, la cheminée où l’on s’accoude pour dire des vers.

Ce n’est point par snobisme, mais par goût