Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/77

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se courbent sur la balustrade, demandant : Ça ne marche donc pas ?

Le contrôleur, malgré l’avis du conducteur exaspéré, en présence de Sapeck qui feint de se dévêtir pour démontrer qu’il est absolument dénué de chien, fait filer la voiture.

Le fiacre suit.

Aussitôt l’illustre Sapeck s’installe à une place vide de l’intérieur, et, abusant du talent dont j’ai parlé, talent qui consistait à imiter le cri du chien qu’on lui a marché sur la patte, pousse un aboiement plaintif. Le conducteur sursaute. — Je savais bien ! dit-il d’un air triomphant.

À la station suivante, le conducteur et le contrôleur s’expliquent. — Monsieur, vous avez un chien, il faut descendre ! — L’illustre Sapeck propose de nouveau de se dévêtir. On rit à l’intérieur. L’impériale gémit ; des gens convulsés se penchent, demandant ce qui se passe, pourquoi ce tramway ridicule s’arrête ainsi. Le conducteur clame : Non seulement j’ai vu le chien, mais je l’ai entendu !…

Sapeck descend alors, et, aux acclamations de la multitude, va cueillir Tenny-Tenny dans le fiacre qui suivait toujours impassiblement.