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Une autre poésie de Ponchon dans le numéro de la République du 18 février 1877. Quelques strophes :

RENOUVEAU


Ô vous dont les lèvres sont closes !
Voici les mois que vous aimez,
Mois magiques où les pommiers
Font pleuvoir des étoiles roses.

Et la fin sentimentale, charmante :

Si je suis plein d’un doux émoi,
C’est bien vous, ô ma châtelaine,
Et c’est bien votre douce haleine :
Je sens un parfum près de moi.

C’est vous, vous qui me faites vivre,
Et le bonheur gonfle ma chair ;
C’est votre âme éparse dans l’air
Que je respire et qui m’enivre.

En ce temps-là, le poète Raoul Ponchon n’eut pas de domicile. Un curieux et invertébré maître d’hôtel, très peu analogue aux Hospitaliers, le mit à la porte. Que fit Ponchon ? Il erra par les rues, triste et monologuant. Mais un soir qu’il avait eu la joie de prendre au café quelques morceaux de sucre, il ameuta un nombre invraisemblable de chiens errants