Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/86

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buste. Il m’invita à venir, tous les dimanches, prendre du café avec lui, et il continua à merveilleusement jouer Oreste ou Orosmane, le Cid ou Hernani, et à dire les jolis vers que mon ami Grangeneuve a intitulés : Triolets à Nini. Je libellai une seconde pièce en vers ; je vins la lire à Mounet, qui (oui, oui, je m’en souviens) s’endormit profondément entre la quatrième et la cinquième scène du deux. Je bornai là mes tentatives dramaturgiques au quai de Gesvres, me contentant de l’excellent moka dominical, et parlant non plus en poète, mais en simple et modeste Périgourdin, heureux de frayer avec un de ses plus illustres compatriotes.

Comme, un soir, je comptais ma mésaventure au restaurant vague où les fils du Périgord se réunissaient, l’un d’eux, un jeune avocat, Me  Rousset, me dit : — Mais l’acteur Saint-Germain est aussi un Périgourdin, de Thiviers ou d’Excideuil.

Un matin, muni du rouleau fatal, j’apparus dans l’appartement de Saint-Germain, 15, rue Pigalle.

— Monsieur, dis-je au très spirituel comédien, c’est comme auteur sans doute, mais