Page:Gouges - L Homme genereux.pdf/141

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[En montrant la Fontaine.] Que ce perfide ne conſomme ſes horribles forfaits.

[Se jettant aux pieds du Comte.]

Et vous, Monſieur, avez-vous pû ſoupçonner mon frere de tant de noirceurs ſans l’entendre ?

Le Comte.

Que dites-vous ? Marianne ? Votre frere ! Quelle erreur !

Le jeune Montalais ſe jettant aux pieds du Comte.

Monſieur le Comte, je ne vous blâme point de cette injuſtice : votre équité fut ſurpriſe par le plus criminel des hommes. Apprenez que c’eſt lui ſeul qui me força à paſſer dans votre eſprit pour un orphelin. Je ne lui dois le bonheur de vous connoître, qu’à l’invention de l’attentat le plus noir : il ne m’éloigne de la maiſon paternelle, que pour ſuborner ma ſœur. Il acheta la créance de mon pere, pour le faire traîner dans une horrible priſon, & ſous prétexte qu’une main bienfaiſante va le délivrer, il emmene ma ſœur dans l’appartement du Marquis de Flaucourt, & c’eſt pour attenter à ſon honneur. Ô comble de l’audace & de l’impoſture ! Il oſe me noircir dans votre eſprit du crime affreux dont lui ſeul a pû former l’abominable projet. Je me vois publiquement traité comme le plus vil des ſcélérats… Ah, la ſeule grace que je demande, c’eſt qu’on me livre ce traître, & que je puiſſe laver mon outrage dans ſon ſang.

Le Comte la main ſur le front, pendant tout ce tems, reſte dans un morne ſilence.
La Fleur.

Il ne nous échappera pas. Je t’en réponds.