Page:Gouges - L Homme genereux.pdf/150

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Je devois faire un homme ; &, par une circonſtance inattendue, il ſe trouve au contraire, que j’en ai défait un.

Le Comte.

Mais comment avez vous pû ?

La Fleur.

Parbleu, par les moyens ordinaires. Je l’ai ſuivi juſque dans la rue : il croyoit m’échapper. » Auſſi-tôt avec fureur il a mis l’épée à la main, je l’ai fait batailler quelques inſtans ; enſuite fatigué de ſon horrible aſpect, je l’ai cloué à la muraille. Il n’a pas été long-tems de ce monde, & je lui ai dit, en le quittant, adieu juſqu’à la réſurrection.

Le vieux Montalais

Mais, n’y a-t-il pas à craindre ?…

Le Comte.

Non, raſſurez-vous. Je prends tout ſur mon compte. Le Ciel eſt juſte.


[À le Fleur.]

Embraſſez-moi, mon ami. Vous avez fait aujourd’hui deux belles actions, d’avoir ſecouru d’un côté l’indigent, & de l’autre d’avoir puni le criminel. Si vos exploits militaires ſont auſſi glorieux, que vous annoncez de courage, chaque jour de votre vie a dû être marqué par un nouveau laurier, & ſignalé par un trait de bienfaiſance.

Madame de Valmont.

Ah, vous avez raiſon, M. le Comte. Votre mémoire & celle de ce brave homme doivent paſſer à la poſté-