Page:Gouges - L Homme genereux.pdf/5

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eux que j’en appelle, à qui je demande une indulgence que je ſuis sûre d’obtenir, lorſqu’ils ſeront perſuadés que j’ai reçu une éducation comme on l’auroit donnée du tems du grand Bayard ; & le haſard me place privée de lumieres dans le ſiecle le plus éclairé. Je ſais donc peu de choſes ; je n’ai que quelques notions qui ne ſe ſont pas confondues dans ma mémoire, & un grand uſage de la ſcène, ſans connoître nos Auteurs. M. de Belloy nous dit que Gaſton étoit né Général, comme Homere étoit né Poëte. Certainement je n’ai pas l’orgueil de me placer au rang de ces deux grands hommes ; mais, d’après la lecture de mes foibles productions, je laiſſe aux vrais connoiſſeurs à juger ſi en effet j’ai reçu de la nature le germe inné du talent dramatique, qui, developpé & ſecondé par l’inſtruction, m’auroit pu faire diſtinguer dans cette carriere. Il m’eſt donc permis, d’après l’aveu que je fais, de tirer vanité de mon ignorance, & de défier même ceux qui voudront me critiquer, malgré la ſupériorité qu’ils pourroient avoir ſur moi par leurs connoiſſances générales, dont ſouvent ils font un très-mauvais uſage.

Tous ceux qui connoiſſent mes foibles talens, me perſuadent qu’un homme de lettres conſommé dans l’art d’écrire tireroit un parti très-avantageux de mes productions. Je ne