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LETTRE
DE L’AUTEUR.

J’ai rempli vos deſirs & vos intentions, Monſieur le Comte ; la voilà cette correſpondance de nos jours, & que l’on regardera vraiſemblablement comme un Roman. Je le ſouhaite pour ceux dont Madame de Valmont a à ſe plaindre à ſi juſte titre. On m’a raconté que vous aviez eu une altercation vive à ſon ſujet ; c’est une imprudence, Monſieur le Comte, que de prendre le parti du ſexe opprimé ; jadis, dans ce fameux jadis, c’étoit une vertu, & aujourd’hui c’eſt un ridicule. Ces heureux ſiècles pour les femmes reviendront peut-être ; mais nous n’y ſeront plus, & ce tems d’abandon ſera regardé par nos neveux comme fabuleux. Mais laissons-là mes triſtes réflexions ; elles n’arrêteront point le train que les hommes ont pris : je ne dois m’occuper que de ma beſogne, qui me paroît de plus en plus pénible & épineuſe. Le déſagréable travail que de mettre l’enſemble dans une Correſpondance ! Si elle ne m’avoit pas autant intéreſſée, je l’aurois abandonnée à la moitié quoi-