Page:Gouges - Oeuvres de madame de Gouges - 1786.pdf/18

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ſyſtêmes, mais mon ſentiment eſt que les femmes peuvent réunir les avantages de l’eſprit avec les ſoins du ménage, même avec les vertus de l’ame, & les qualités du cœur ; y joindre la beauté, la douceur du caractère, ſeroit un modèle rare, j’en conviens : mais qui peut prétendre à la perfection ? Nous n’avons point de Pigmalion comme les Grecs, par conséquent point de Galathée. Il faudroit donc, mes très-chères Sœurs, être plus indulgentes entre nous pour nos défauts, nous les cacher mutuellement, & tâcher de devenir plus conſéquentes en faveur de notre ſexe. Eſt-il étonnant que les hommes l’oppriment, & n’eſt-ce pas notre faute ? Peu de femmes ſont hommes par la façon de penſer, mais il y en a quelques-unes, & malheureuſement le plus grand nombre ſe joint impitoyablement au parti le plus fort, ſans prévoir qu’il détruit lui-même les charmes de ſon empire. Combien ne devons-nous pas regretter cette antique Chevalerie, que nos hommes ſuperficiels regardent comme fabuleuſe ; elle qui rendoit les femmes ſi