Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/100

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impression et peu obstiné dans ses répugnances. Je venais de lui faire entendre, pour la première fois, l’admirable scène de Caron et des Ombres, dans l’Alceste, non de Gluck, mais de Lulli ; cette première audition lui avait laissé une impression de raideur, de sécheresse, de dureté farouche, si pénible qu’il s’écria :

— C’est affreux ! c’est hideux ! ce n’est pas de la musique ! c’est du fer !

Je me gardai bien, moi jeune homme, de tenir tête à cette impétuosité d’un homme pour qui j’avais un tel respect ; j’attendis et laissai passer l’orage. À quelque temps de là, M. Ingres revint sur le souvenir que lui avait laissé ce morceau, — souvenir déjà un peu adouci, à ce qu’il me semblait, — et me dit :

— Voyons donc cette scène de Lulli : Caron et les Ombres ! Je voudrais réentendre cela.