Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/130

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minute a toujours le temps de faire tout ce qu’il doit. »

Un des amis de notre famille me disait : « Votre mère est, pour moi, non pas un miracle, mais deux miracles ; je ne sais pas où elle trouve le temps qu’elle emploie et l’argent qu’elle donne. » Je sais bien, moi, où elle trouvait l’un et l’autre : dans sa raison et dans son cœur. Plus elle en avait à faire, plus elle en faisait. C’est l’inverse d’un mot charmant d’Émile Augier, mais qui signifie absolument la même chose : « J’ai été tellement inoccupé que je n’ai eu le temps de rien faire. »

Dans les lettres de ma mère, mon cher et excellent frère glissait aussi, de temps à autre, quelques bonnes paroles et quelques sages conseils à mon adresse. J’en avais grand besoin, car, je dois le dire, la sagesse n’a jamais été mon côté fort, et la faiblesse est bien forte quand la raison n’est pas là