Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/136

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troublé par Michel-Ange ! Il a subi l’étreinte de ce Titan ; il a fléchi sous le poids de ce colosse, et ses dernières œuvres portent la trace de l’hommage rendu à l’inspiration grandiose de ce vaste et puissant cerveau qui a dépassé les proportions humaines.

Raphaël est le premier ; Michel-Ange est le seul. Chez Raphaël, la force se dilate et s’épanouit dans la grâce ; chez Michel-Ange, c’est la grâce qui semble, au contraire, discipliner et soumettre la force. Raphaël vous charme et vous séduit, Michel-Ange vous fascine et vous écrase. L’un est le peintre du Paradis terrestre ; l’autre semble plonger, avec le regard de l’aigle, comme le captif de Pathmos, jusque dans le séjour enflammé des séraphins et des archanges. On dirait que ces deux grands évangélistes de l’Art ont été placés là, l’un près de l’autre, dans la plénitude des temps esthétiques, pour que celui qui avait reçu