Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/140

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moi autant de révélations d’un monde ignoré. M. et madame Henzel quittèrent Rome pour retourner à Berlin, où je devais les revoir deux ans plus tard.


Avant de quitter l’Académie, M. Ingres voulut me laisser un souvenir qui m’est doublement précieux comme gage de son affection et comme relique de son talent ; il fit mon portrait au crayon, et me représenta assis au piano et ayant devant moi le Don Juan de Mozart.

Je sentis profondément le vide qu’allait me faire son départ et combien me manquerait cette salutaire influence d’un maître dont la foi était si vive, l’ardeur si communicative et la doctrine si sûre et si élevée. Il y a, dans les arts, autre chose que le savoir technique, l’habileté spéciale, la connaissance et la possession, même parfaites, des procédés : tout cela est bien et même