Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/145

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avoir embrassés, je montai dans le voiturin qui devait m’arracher, c’est bien le mot, à ces deux chères années de Terre Promise. Si, du moins, j’avais dû venir directement retrouver ma pauvre mère et mon excellent frère, le départ m’aurait moins coûté ; mais j’allais me trouver seul dans un pays où je ne connaissais personne, dont j’ignorais la langue, et cette perspective ne laissait pas de me paraître bien froide et bien sombre. Tant que la route le permit, mes yeux demeurèrent attachés sur la coupole de Saint-Pierre, ce sommet de Rome et ce centre du monde : puis les collines me la dérobèrent tout à fait. Je tombai dans une rêverie profonde et je pleurai comme un enfant.