Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/147

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(une vraie châsse de reliques du beau), le musée Pitti, l’Académie, les églises, les couvents regorgent de chefs-d’œuvre. Mais là encore, dans cette délicieuse ville de Florence, le sceptre est dans la main de Michel-Ange, qui domine tout du haut de cette merveilleuse et saisissante Chapelle des Médicis. Là, comme à Rome, son génie a laissé sa trace unique, souveraine, incomparable.

Partout où on le rencontre, Michel-Ange impose le recueillement : dès qu’il parle, on sent qu’il faut se taire ; et cette suprême autorité du silence, il ne l’a peut-être exercée nulle part avec plus d’empire que dans cette crypte redoutable de la Chapelle des Médicis. Quelle prodigieuse conception que celle de ce Pensieroso, sentinelle muette qui semble veiller sur la mort et attendre, immobile, le clairon du Jugement ! Quel repos et quelle souplesse dans cette figure