Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/152

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licité plus vaste et plus profonde ; Venise est une orientale, non grecque mais byzantine : on y songe aux satrapes plus qu’aux pontifes, au luxe de l’Asie plus qu’aux solennités d’Athènes ou de Rome.

Il n’y a pas jusqu’à cette merveille de l’église Saint-Marc qui ne tienne plutôt d’une mosquée que d’une basilique ou d’une cathédrale, et qui ne s’adresse à l’imagination plus encore qu’au sentiment et à l’âme. La magnificence de ces mosaïques et de cet or dont le chatoiement sombre ruisselle du haut de la coupole jusqu’à la base est quelque chose d’absolument unique au monde. Je ne sais rien de comparable comme vigueur de ton et puissance d’effet.

Venise est une passion ; ce n’est pas un amour. Je fus séduit en y entrant ; lorsque je la quittai, je n’éprouvai pas ce déchirement que j’avais ressenti en me séparant