Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

certain sens, les premières : elles consolident et affermissent le succès dramatique, elles ne l’établissent pas.

Le public du théâtre est un dynamomètre : il n’a pas à connaître de la valeur d’une œuvre au point de vue du goût ; il n’en mesure que la puissance passionnelle et le degré d’émotion, c’est-à-dire ce qui en fait proprement une œuvre dramatique, expression de ce qui se passe dans l’âme humaine personnelle ou collective. Il résulte de là que public et auteur sont réciproquement appelés à faire l’éducation artistique l’un de l’autre : le public, en étant pour l’auteur le critérium et la sanction du Vrai ; l’auteur, en initiant le public aux éléments et aux conditions du Beau. Hors de cette distinction, il me paraît impossible d’expliquer cet étrange phénomène de l’incessante mobilité du public, qui se déprend le lendemain de ce qui le passionnait la