Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/22

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loge, il creva sa toile, la jugeant indigne de figurer à côté de celle de Drouais. Cela donne la mesure de cette probité artistique qui ne balançait pas un instant entre la voix de la justice et celle de l’intérêt personnel.

Homme instruit, esprit délicat et cultivé, mon père eut, toute sa vie, une sorte d’effroi à la pensée d’entreprendre une grande œuvre. Doué comme il l’était, peut-être est-ce dans une santé assez frêle qu’il faut chercher l’explication de cette répugnance ; peut-être aussi faut-il tenir compte d’un extrême besoin d’indépendance qui lui faisait redouter de s’engager dans un travail de longue haleine. L’anecdote suivante en fournira un exemple.

M. Denon, alors conservateur du Musée du Louvre, et en même temps, je crois, surintendant des musées royaux de France, avait pour mon père beaucoup de sympa-