Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/262

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Ah ! mon pauvre ami ! qui se lèvera donc pour tracer au courage français une conduite compacte sans laquelle ce courage, même héroïque, ne peut rien ! Tu le vois : tous, les uns après les autres, tombent, un à un, un par un, comme par une fatalité inouïe, dans la gueule de ce géant organisé, de cette hydre d’artillerie ; tous font naufrage dans cet océan ennemi ; tous vont échouer avec une intrépidité infatigable devant cette montagne toujours croissante de canons, et de bombes, et d’obus, et d’engins inattendus, et de bataillons tout prêts qui semblent sortir de terre partout où l’ennemi en a besoin !

Et pendant ce temps-là, on destitue nos généraux, on les change de poste, on les laisse sans instruction, on les livre au petit bonheur de leur inspiration personnelle et privée !… Trois mille cinq cents hommes se font hacher pour défendre tant bien que