Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/276

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tends comme toi cet horrible canon dont le grondement te navre et te désespère à si juste titre ! En suivant pas à pas la marche des événements et les diverses phases du conflit ou plutôt de la pétaudière qui les produit et qui les entretient, j’en arrive à sentir tomber une à une, je ne dirai pas mes illusions (le nom ne serait pas digne de la chose et n’en vaudrait pas le deuil !…) mais mes espérances, au moins actuelles ou prochaines, sur l’avènement d’un nouvel étage dans la construction de cette maison morale qu’on appelle la Liberté, et qui est pourtant la seule habitation digne de la race humaine.

Non, je le répète, ce ne sont pas des illusions qui disparaissent : la Liberté n’est pas un rêve ; c’est une terre de Chanaan, une véritable Terre promise. Mais, nous ne la verrons encore que de loin, comme les Hébreux : pour y entrer, il