Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/29

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temps, et que je l’ai vu porter encore, bien des années plus tard, par mon illustre et regretté ami et directeur de l’Académie de France à Rome, M. Ingres.

Pendant que mon père était ainsi absorbé dans sa lecture, j’étais, moi, couché à plat ventre au beau milieu de la chambre, et je dessinais, avec un crayon blanc sur une planche noire vernie, des yeux, des nez et des bouches dont mon père avait lui-même tracé le modèle sur ladite planche. Je vois cela comme si j’y étais encore, et j’avais alors quatre ans ou quatre ans et demi tout au plus. Cette occupation avait pour moi, je m’en souviens, un charme si vif que je ne doute nullement que, si j’avais conservé mon père, je fusse devenu peintre plutôt que musicien ; mais la profession de ma mère et l’éducation que je reçus d’elle pendant les années de l’enfance firent pencher la balance du côté de la musique.