Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/294

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idoles. De là, tant d’artistes préoccupés de se répandre, de se montrer partout, de s’appuyer sur ce bâton fragile de la réclame dont les débris jonchent la pénible route de tant d’âmes sans ferveur et de tant d’ambitions vulgaires.

Il n’y a qu’une protection dont il faille se mettre en peine, parce que c’est la seule qui en vaille la peine, c’est celle de l’absolue sincérité en face de soi-même ; c’est de placer l’œuvre extérieure sous la garde de l’œuvre vécue, la parole sous la garde de la pensée. Peu importe, après cela, le conflit des jugements pour ou contre. Les œuvres ne communiquent que la somme de chaleur qui les a fait éclore et qu’elles conservent toujours ; mais il faut le temps d’allumer son feu et de l’entretenir. C’est pour cela qu’un compositeur illustre avait mis sur sa porte cette inscription significative : « Ceux qui viennent me voir me