Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/330

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comment et jusqu’à quel degré parfois prodigieux la relation inexacte d’un fait peut se concilier avec la véracité absolue du témoin.

Pourquoi sainte Thérèse ne se souvenait-elle pas d’avoir jamais entendu un mauvais sermon ? C’est parce que tous ceux qu’elle entendait au dehors étaient spontanément transfigurés et littéralement créés à nouveau par la sublimité de celui qu’elle entendait en permanence au fond d’elle-même : c’est parce que la parole du prédicateur, si dénuée qu’elle fût de prestige littéraire et d’artifices oratoires, l’entretenait de ce qu’elle aimait le plus au monde, et qu’une fois emportée dans cette direction et à cette hauteur, elle ne voyait plus et n’entendait plus que le Dieu même de qui on lui parlait.

« Prenez mes yeux », disait un peintre célèbre, à propos d’un modèle que son