Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/333

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dans l’art, le réel seul est la servilité de la copie ; l’idéal seul est la divagation de la chimère.

Dans la science, le réel seul est l’énigme du fait sans la lumière de sa loi ; l’idéal seul est le fantôme de la conjecture sans sa confirmation par les faits.

Dans la morale, enfin, le réel seul est l’égoïsme de l’intérêt, ou absence de sanction rationnelle dans le domaine de la volonté ; l’idéal seul est l’utopie, ou absence de sanction expérimentale dans le domaine des maximes.

De tous côtés, le corps sans l’âme ou l’âme sans le corps, c’est-à-dire négation de la loi de la vie pour l’être qui, par sa double nature, appartient à la fois au monde sensible et au monde intelligible, et dont l’œuvre n’est complète et normale qu’à la condition d’exprimer ces deux ordres de réalités.