Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/334

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S’il est un symptôme qui caractérise ces trois hautes vocations humaines, le service du bien, du vrai et du beau, s’il est un lien qui trahisse leur commune divinité d’origine et les élève à la dignité d’un véritable apostolat, c’est le désintéressement, c’est la gratuité.

Les fonctions de la vie sont si étroitement soudées à celles de l’existence, que la liberté divine de la vocation est bien obligée de subir la nécessité humaine de la profession ; aussi les passionnés de la vie s’entendent-ils généralement fort peu et fort mal aux choses de l’existence ; mais, en soi et de leur nature, toutes les fonctions supérieures de l’homme sont gratuites. Ni l’amour, ni la science, ni l’art n’ont rien de commun avec une estimation vénale ; ce sont les trois personnes divines de la conscience humaine ; on ne vend que ce qui meurt ; ce qui est immortel ne peut que se donner.