Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/338

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être, parce que ce sont elles qui paient de leurs luttes et de leurs souffrances la lumière et le mouvement de l’humanité. Quand ces coryphées de l’intelligence sont morts de la route qu’ils ont frayée, oh ! alors vient le troupeau de Panurge, tout fier d’enfoncer des portes ouvertes ; chaque mouton, glorieux comme la mouche du coche, revendique bien haut l’honneur d’avoir fait triompher la Révolution :

   J’ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.

Berlioz fut, comme Beethoven, une des illustres victimes de ce douloureux privilège : être une exception ; il paya chèrement cette lourde responsabilité ! Fatalement, les exceptions doivent souffrir, et, fatalement aussi, elles doivent faire souffrir. Comment voulez-vous que la foule (ce profanum vulgus que le poète Horace avait en exécration) se reconnaisse et s’avoue