Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/355

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nantes organisations musicales que je connaisse. C’est un musicien armé de toutes pièces. Il possède son métier comme personne ; il sait les maîtres par cœur ; il joue et se joue de l’orchestre comme il joue et se joue du piano, — c’est tout dire. Il est doué du sens descriptif à un degré tout à fait rare ; il a une prodigieuse faculté d’assimilation : il écrirait, à volonté, une œuvre à la Rossini, à la Verdi, à la Schumann, à la Wagner ; il les connaît tous à fond, ce qui est peut-être le plus sûr moyen de n’en imiter aucun. Il n’est pas agité par la crainte de ne pas produire d’effet (terrible angoisse des pusillanimes) ; jamais il n’exagère ; aussi n’est-il ni mièvre, ni violent, ni emphatique. Il use de toutes les combinaisons et de toutes les ressources sans abuser ni être l’esclave d’aucune.

Ce n’est point un pédant, un solennel, un transcendanteux ; il est resté bien trop