Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/56

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— Comment, tes harmonies ? Et où sont-elles, tes harmonies ?

— Mais là, monsieur, dis-je en mettant un doigt sur mon front.

— Ah !… Eh bien, c’est égal, chante tout de même ; je comprendrai bien sans les harmonies.

Je vis qu’il fallait en passer par là, et je m’exécutai.

J’en étais à peine à la moitié de la première strophe, que je vis s’attendrir le regard de mon juge. Cette vue m’enhardit ; je commençais à sentir la victoire passer de mon côté. Je poursuivis avec confiance, et, lorsque j’eus achevé, le proviseur me dit :

— Allons, maintenant, viens au piano.

Du coup, je triomphais ; j’avais toutes mes armes en mains. Je recommençai mon petit exercice, et, à la fin, ce pauvre M. Poirson, vaincu, les larmes aux yeux, me pre-