Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/67

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immortelle, il faudrait tout citer), me procura cette espèce de béatitude qu’on ne ressent qu’en présence des choses absolument belles qui s’imposent à l’admiration des siècles, et servent, pour ainsi dire, d’étiage au niveau esthétique dans les arts. Cette représentation compte pour les plus belles étrennes de mes années d’enfance ; et plus tard, lorsque j’obtins le grand prix de Rome, en 1839, ce fut de la grande partition de Don Juan que ma pauvre mère me fit cadeau pour me récompenser.

Cette année-là fut, au reste, particulièrement favorable au développement de ma passion pour la musique. Après Don Juan, j’entendis, pendant la semaine sainte, deux concerts spirituels de la Société des concerts du Conservatoire, alors dirigée par Habeneck. À l’un d’eux, on exécuta la Symphonie pastorale de Beethoven, et, à l’autre, la Symphonie avec chœurs du même