Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/90

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Je dois l’avouer : une des causes qui contribuèrent le plus à cette tristesse fut assurément l’impression que me fit mon arrivée à Rome. Ce fut une déception complète. Au lieu de la ville que je m’étais figurée, d’un caractère majestueux, d’une physionomie saisissante, d’un aspect grandiose, pleine de temples, de monuments antiques, de ruines pittoresques, je me trouvais dans une vraie ville de province, vulgaire, incolore, sale presque partout : j’étais en pleine désillusion, et il n’aurait pas fallu grand chose pour me faire renoncer à ma pension, reboucler ma malle et me sauver au plus vite à Paris pour y retrouver tout ce que j’aimais.

Certes, Rome renfermait tout ce que j’avais rêvé, mais non de manière à frapper tout d’abord : il fallait l’y chercher ; il fallait fouiller çà et là et interroger peu à peu cette grandeur endormie du glorieux