Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/91

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passé et faire revivre, en les fréquentant, les ruines muettes, les ossements de l’antiquité romaine.

J’étais trop jeune alors, non seulement d’âge, mais encore et surtout de caractère ; j’étais trop enfant pour saisir et comprendre, au premier coup d’œil, le sens profond de cette ville grave, austère, qui ne me parut que froide, sèche, triste et maussade, et qui parle si bas qu’on ne l’entend qu’avec des oreilles préparées par le silence et initiées par le recueillement. Rome peut dire ce que la Sainte Écriture fait dire à Dieu par rapport à l’âme : « Je la conduirai dans la solitude et là je parlerai à son cœur. »

Rome est, à elle seule, tant de choses, et ces choses sont enveloppées d’un calme si profond, d’une majesté si tranquille et si sereine qu’il est impossible d’en soupçonner, au premier abord, le prodigieux en-