Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/99

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rable. Seulement il était prudent ; il savait à quel point l’entraînement des jeunes gens les expose à s’éprendre, à s’engouer, sans discernement et sans méthode, de certains traits personnels à tel ou tel maître ; que ces traits, qui sont les caractères propres, distinctifs de chaque maître, leur physionomie individuelle à laquelle on les reconnaît comme nous nous reconnaissons les uns les autres, sont précisément aussi les propriétés incommunicables de leur nature ; que, par conséquent, c’est d’abord et tout au moins un plagiat que de les vouloir imiter, et que, de plus, cette imitation tournera fatalement à l’exagération de qualités dont l’imitateur fera autant de défauts. Voilà ce qu’était M. Ingres et ce qui l’a fait accuser, très injustement, d’exclusivisme et d’intolérance.

L’anecdote suivante montrera combien il était sincère à revenir d’une première