— J’ai vu, hier du soir, un détachement passer dans ce bois.
— Ah ! où allait-il ?
— J’ai entendu qu’il voulait rallier l’artillerie sur le versant de cette colline.
— Dieu soit loué ! c’est le bataillon que je cherche. Max Rosaroff est parmi eux.
— Max !
— Je l’ai cru prisonnier, ainsi que sa troupe. Merci, Madame, vous n’avez pas idée du bien que vous me faites. Vous êtes sûre que ce détachement est sorti du bois.
— Il marchait dans cette direction, vers le Nord.
— Et maintenant, vous savez où sont les Prussiens ?
— Ils occupent tout le versant opposé à ce bois. Le château de Lomont est en leur pouvoir. »
Georges, très heureux, tendit la main à Michelle. Elle le regarda de ses yeux désolés, ayant conscience que tout ce qu’elle pouvait faire et dire en faveur de l’un ou l’autre parti était invariablement mal.
« Adieu, dit-elle.
— Mais vous paraissez à bout de forces. »
Elle ne répondit pas, s’éloigna en hâte, courut. Son mari devait être inquiet de sa longue absence.
Elle parvint au rendez-vous. Hans n’avait pas bougé, il était épuisé ; elle l’aida à se mettre debout.
« Des Français sont campés à une demi-heure d’ici, expliqua-t-elle, il faut fuir du côté opposé. Appuyez-vous sur moi. »
Ils se mirent en route ainsi, péniblement, lentement, mais avançant quand même. Vers midi, ils étaient en vue du château de Lomont sur lequel l’aigle noir flottait toujours. Le général, à bout de force, fléchissait visiblement.
« Nous arrivons, Hans, voici vos compatriotes. »