Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/341

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L’arrivée à Montbéliard réconforta la mère et le fils, le colonel Lahoul et sa femme Elsa avec François et Georges, qui se trouvait en congé pour le jour de l’an, les attendaient à la gare.

La sincère cordialité de tous amena une gaie veillée de Noël. Les jeunes gens avaient décoré un beau sapin où flambaient cent bougies entre les fils d’or et les noix dorées. Une foule de petits enfants pauvres se pressaient autour et chacun emporta son paquet de vêtements chauds, quand, avant de partir à la messe de minuit, on dépouilla l’arbre de Noël.

Minihic, toujours jovial, était aimé de son régiment, et sa charmante compagne formait avec lui et leur fils un groupe sympathique et bon. Les vieux amis d’enfance qu’étaient Michelle et Minihic avaient toujours mille choses à se dire ; tant d’événements les avaient liés qu’un de leur plaisir était toujours de ressasser le passé, de remoudre ensemble les histoires d’antan. Les enfants qui savaient tout par cœur riaient entre eux, appelant ça le récit des temps héroïques. Et le mot cadrait avec les choses.

L’hiver se passa très calme ; dès le printemps, les amis s’amusèrent à de longues promenades ; ils allaient en Suisse à bicyclette, dans les forts : Montbard, Vanjeaucourt, Lomont où résidaient des familles d’officiers enfouies dans les baraquements.

À Lomont, perché au sommet d’une montagne regardant à l’Est la Suisse, à l’Ouest la France, on faisait d’amusantes stations au milieu d’un site admirable, des pic-niques drôles avec la bande joyeuse des officiers français, la grande famille des régiments.