Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/61

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gnant, le commandant au besoin. Et lui toujours cédait, tel un gros chien de terre-neuve cède aux fantaisies d’un roquet. Quand il était las d’ailleurs de la vie de famille, il reprenait le chemin de Berlin, où l’accueil pour lui était toujours gracieux à la cour comme à la ville.

Cette fois, il avait pris le train, après une légère querelle. Edvig avait tenu à chasser un garde que protégeait Hans, et qui plaisait au frère, justement pour la même cause qu’il restait antipathique à la sœur. Cet homme avait pitié parfois des pauvres, ramasseurs de bois, qui erraient affamés et glacés pendant les durs hivers sur les terres de Rantzein. Il savait fermer les yeux quand la dévastation n’était pas sensible, et tout récemment Mlle Hartfeld venait de le prendre en faute et de le congédier.

Cet homme, chargé de famille, avait été supplier le comte de lui pardonner, de le garder encore à son service et Hans touché, bon naturellement, mais faible et sans autorité devant l’absolue volonté de sa sœur, avait préféré fuir les ennuis domestiques, semer au vent du voyage l’embarras de refuser l’un ou de lutter avec l’autre. Alors il était parti pour la France où l’appelait son cousin le prince Alexis Rosarof, oubliant dans la nouveauté du séjour à l’étranger, le souci des vaines querelles, avec une force supérieure à la sienne.